I- C'est une maison bleue
Le récit que je se suis sur le point de vous livrer se déroule à une période particulièrement heureuse de mon existence. Il ne s'agit sans doute pas de la plus extraordinaire, ni de la plus accomplie, mais à coup sûr de la plus insouciante.
J'étais sans le savoir sur le point de rencontrer le grand amour de ma vie.
Je venais de fêter mes dix-huit ans et d'obtenir mon bac. La poursuite de mes études devait m'entrainer vers la France métropolitaine, mais pour l'heure je vivais encore dans le plus bel endroit du monde (sans chauvinisme aucun) : l'île de La Réunion. Pour une obscure raison qui m'a aujourd'hui échappé, mes parents avaient pris l'avion vers le lieu où j'allais poursuivre mes études une semaine avant moi.
Je me retrouvais donc seul dans la villa familiale, l'esprit allégé de toute considération scolaire. J'avais invité mes plus proches amis de l'époque à partager mon logis durant cette semaine et je pense qu'il ne vous sera pas difficile d'imaginer combien nous furent agréables ces quelques jours. Nous avions formé un petit groupe d'inséparables durant nos trois années de lycée et savions que mon départ constituait les prémisses de la fin de cette camaraderie jusqu'alors indéfectible.
Comme dans toute bande digne de ce nom chacun jouait un rôle qui lui avait été assigné, sans que l'on ne sache précisément par qui. Florian assumait celui de grand brun ténébreux. Plutôt taiseux et bien mis, il jouissait d'un certain succès auprès de la gent féminine. Luc excellait dans la mécanique et réparait avec une grande aisance nos mobylettes détraquées. Ce talent excusait -au moins en partie- sa mauvaise humeur légendaire qui justifiait le surnom dont nous l'avions affublé : "Bacri" (en référence à l'acteur français). Bastien se présentait comme anarchiste et fustigeait sans cesse toutes les formes de pouvoir auxquelles nous étions confrontés : le lycée, les parents, ou encore la police. Il ne se séparait jamais de son blouson de cuir, et cela même si nous vivions dans un pays tropical.
Quant à moi, je ne possédais pas de talent particulier à l'exception peut-être de celui de tomber amoureux tous les quinze jours. J'étais rarement aimé en retour et c'est sans doute ce qui développa en moi une mélancolie qui jurait avec mon jeune âge. J'avais toujours à portée de main un petit carnet dans lequel je notais fiévreusement des vers, tout en prenant des poses qui se voulaient romantiques. Sans méjuger mon éventuel talent, je dois confesser qu'aucune fille n'a jamais succombé à la lecture d'une ode qui lui fut destinée.
Libérés de toutes contraintes, et notamment parentales, nous nous levions très tard, profitions de la piscine et mangions n'importe quoi à n'importe quelle heure. Nous organisions tous les soirs des fêtes aux consommations interlopes et à la musique bien trop forte aux dires du voisinage. Les amis des amis des amis (etc) y étaient toujours les bienvenus. Il m'arrivait ainsi souvent de retrouver au petit matin des gens dont le visage m'était étranger. Je ne m'en suis jamais formalisé, et bien au contraire j'ai aujourd'hui gardé de l'affection pour quelques unes de ces personnes.
II- Les voisins
Ce mode de vie ne correspondait pas exactement aux standards du quartier résidentiel dans lequel vivait mes parents. Je l'ai déjà dit, nous étions bien trop bruyants mais au-delà de ce fait, les allées et venues incessantes, les odeurs de fumée suspectes et la nonchalance dont nous faisons preuve nous avait catalogué comme membres de cette "jeunesse fainéante et dangereuse, qui nous prépare une sacrée pagaille" et à laquelle "ce qui manque, ma petite dame, c'est une bonne guerre qui leur mettrait un peu de plomb dans la cervelle" (je ne saurais dire si cette dernière expression devait être entendue au sens propre ou au sens figuré).
Si le voisinage ne n'appréciait pas particulièrement notre petit groupe, les occupants de la maison mitoyenne de mes parents nourrissaient à mon égard des sentiments proches de la détestation. Je ne puis expliquer avec précision quelle était la cause exacte de ce désamour, mais il s'agissait d'un sentiment assez profond. Depuis toujours, monsieur et madame Curie se plaignaient auprès des autres habitants du quartier de mes cris insupportables, de mes vêtements extravagants (quiconque m'a connu à cette époque pourrait contredire cette assertion tant le conformisme dictait le choix de ma garde-robe) et de mes ballons qui terminaient immanquablement leur vie au fond leur jardin.
Ce couple de quinquagénaires n'avait semble-t-il pas jugé opportun de se reproduire. Toutefois, ils dessinaient une image assez précise du comportement attendu chez un enfant et celui-ci se trouvait à l'exact opposé de mes faits et gestes. Ils avaient adopté un chien quatre ou cinq ans auparavant, peut-être pour pallier la solitude qu'ils entretenaient à deux. Lorsque il apparaissait sur une photographie, ce bichon maltais pouvait donner l'illusion d'un animal mignon et affectueux. En revanche, quiconque avait le malheur de croiser sa route ne pouvait que constater qu'il s'agissait d'une bête emplie d'une hargne quasi surnaturelle. Puisque je suis l'auteur de ce récit, je peux m'octroyer le droit d'ajouter une remarque éminemment subjective : "une hargne quasi surnaturelle à l'image de ses maîtres".
Ainsi, entendant la sonnette de la maison parentale retentir durant notre première soirée festive, je ne fus pas surpris de découvrir monsieur Curie accompagné de Satan tenu en laisse (je me dois de concéder une certaine acuité quant au choix du petit nom donné à leur chien). Le voisin me reprocha le bruit excessif que nous produisions, ainsi que "la faune" (sic) que notre petite sauterie attirait dans le quartier. Il ajouta qu'il n'hésiterait pas à appeler la gendarmerie si nous ne cessions notre "tohu-bohu sur-le-champ" (re sic). Je devinais qu'il avait en réalité commencé par faire appel à la maréchaussée avant de se déplacer lui-même. Malheureusement pour lui, à La Réunion comme ailleurs, les gardiens de la paix connaissent d'autres priorités que les raouts étudiants. Comme je ne semblai pas particulièrement impressionné, il rentra chez lui, claqua portes et volets tandis que Satan hurlait à la mort depuis l'intérieur de sa maison.
Il ne se présenta plus à mon portail du reste de la semaine.
III- Sofia
C'est dans cette ambiance potache que j'ai précédemment décrite, que s'enchainèrent trop vite les jours et les nuits de cette semaine de totale liberté. Pour le dernier baroud avant mon départ pour la métropole, nous avions invité plus de monde que pour l'ensemble des autres soirées réunies. Officiellement, il s'agissait d'organiser une fête mémorable avant de quitter l'île. Officieusement, j'étais secrètement amoureux d'une jeune fille (amoureux étant avec le recul un peu excessif si l'on considère que j'avais échangé à grand peine trois mots avec elle) qui se trouvait être la cousine d'une vague connaissance. Il me fallait donc pour la contacter un prétexte.
Très vite pourtant, je compris que ni la vague connaissance (ce qui m'importait assez peu), ni sa cousine (ce qui me chagrina bien plus) ne considérèrent suffisamment mon invitation pour y répondre favorablement. Tandis que les heures passaient et que les morceaux plus ou moins rythmés s'enchainaient, un sentiment qui m'était jusqu'alors étranger prit corps en moi. Aujourd'hui, fort du poids des années, je le nommerais mélancolie. Je n'avais que dix-huit ans, mais je pressentais que j'allais dans les mois à venir amèrement regretter la douceur de vivre qui caractérisait le confetis perdu dans l'Océan que j'étais sur le point de quitter.
Vers deux heures du matin, je fis la connaissance d'une jeune fille. Jolie, impertinente et spirituelle. Elle était accompagnée d'un impressionnant rottweiler. J'engageai rapidement la conversation, désireux de changer mes idées assombries par la perspective de l'exil et par les quelques verres de rhum surnuméraires. L'inconnue se prénommait Sofia et me demanda de ne pas la dénoncer car, ayant entendu parler de la fête par des potes elle s'y était "incrustée" pour "gratter un peu d'alcool". Elle ne pouvait bien entendu pas deviner qu'elle était en train d'avouer son forfait directement auprès du propriétaire des lieux. Lorsque je lui demandai la raison de la présence de son chien, elle m'expliqua que ce dernier était particulièrement émotif et ne supportait pas d'être éloigné de sa maitresse plus de quelques heures. Nous avons alors poursuivi nos échanges un moment. Combien de temps ? je ne saurais le dire précisément mais en tous cas suffisamment pour que je tombe irrémédiablement sous son charme.
Je fus le premier à remarquer la disparition de son animal. Je lui proposai donc de l'accompagner pour nous mettre en quête du fugitif. Me voyant passer le portail, Bacri nous rejoignit. Nous parcourûmes donc tous trois le quartier alternant les sifflements et les "Chirac, au pied ! " (puisque Sofia avait baptisé son chien du nom du chef de l'Etat de l'époque). Réjouis par notre impertinence présidentielle et par la quantité d'alcool qui se baladait dans nos artères, nous rîmes à gorges déployées réveillant au passage l'ensemble du voisinage. Fait surprenant : Satan ne participa pas aux hurlements des chiens du quartier que nous avions mis en alerte par notre vacarme. Au bout d'un long moment, le dénommé Chirac entendit enfin les appels de sa maitresse et nous le vîmes accourir vers nous à toute vitesse.
Il tenait dans la gueule un objet blanc que nous ne parvînmes à identifier que lorsqu'il fut à nos pieds.
IV- La décision
Telle une offrande, il déposa le corps sans vie de Satan devant Sofia. Son pelage blanc souillé de terre reflétait la vaine tentative de résistance que le petit chien avait sans doute opposé avant de périr. Malgré les sentiments négatifs que j'éprouvais pour lui, je fus pris d'une certaine tristesse devant cette fin un peu sordide. Je ne serais pas tout à fait honnête si je n'avouais pas ici qu'elle se trouvait contrebalancée par un étrange sentiment de soulagement. De fait, cet animal incarnait une noirceur que j'ai tout à l'heure qualifiée de surnaturelle. Je n'étais jamais parvenu à écarter de mon esprit l'idée -pourtant parfaitement farfelue- que son petit corps abritait une sorte de quintessence du Mal et qu'il n'appartenait pas tout à fait à notre monde.
Ce fut je crois, à ce moment précis, qu'une vague de panique me submergea à l'idée d'aller annoncer aux Curie la terrible nouvelle. Ils ne manqueraient sans doute pas de porter cette affaire en justice et il me faudrait alors expliquer à mes parents dans quelles conditions Chirac avait pu porter un coup fatal au roquet diabolique.
"Tu n'y es pour rien, je vais aller voir tes voisins et leur expliquer que tout est de ma faute. J'aurais du surveiller mon chien !
Mu par un sentiment chevaleresque, et par le désir de démontrer mon courage à ma charmante invitée, je m'y opposai formellement.
-Non, je vais y aller moi. Ils vont être furieux, mais je pense que c'est à moi de le faire. On verra si j'arrive à les convaincre de ne pas porter plainte.
-Vous dites n'importe quoi, interrompit Bacri en attrapant la dépouille de Satan. On ramène le clebs chez toi et on provoque une réunion de crise. on va y réfléchir à cinq cerveaux et on va trouver une meilleure solution ! "
C'est ainsi que l'équipe se retrouva au complet dans ma petite chambre située à l'étage de la maison. Sofia avait naturellement été intégrée à notre groupe. Objectivement elle était en partie responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvions. Mais surtout, nous avions tous ressenti une proximité naturelle et évidente avec elle. Je dois également confesser qu'elle me plaisait déjà beaucoup.
Après avoir exposé aux autres le problème, je proposai un tour de parole. Selon Bastien, Satan avait eu la grande chance de goûter à la liberté même si cela lui avait coûté la vie. Contestant la notion même de propriété d'un être vivant, il considérait que nous n'avions aucune raison d'en parler aux Curie puisque selon ses critères, l'animal ne leur appartenait tout simplement pas. Bien que philosophiquement cette réflexion pouvait être débattue elle ne nous était, de l'avis général, d'aucun recours en l'espèce. Florian comme à son habitude parla peu. Il ne voyait pas comment nous pouvions éviter la confrontation avec les voisins et proposa que nous fassions corps pour aller leur parler. Je me rangeai douloureusement à son avis. Bacri maugréa sur "notre poisse légendaire" et sur "les chiens qui emmerdent tout le monde", mais ne nous fournit aucune aide tangible
Ce fut Sofia qui décida pour nous tous : "Bon, il n'y a pas trente-six moyens de s'en sortir. On va remettre le bichon dans sa niche et les voisins penseront qu'il est mort dans son sommeil. Il n'y a aucune raison qu'ils se doutent de quelque chose, et au final on ne fait de mal à personne en travestissant un peu la réalité".
V- Le déménagement
Aussi surprenant que cela puisse apparaître au lecteur, l'idée nous parut pertinente. Avant de nous juger trop hâtivement je lui demande de considérer que nous n'avions que dix-huit ans pour les plus âgés d'entre nous et que l'alcool obscurcissait notre raisonnement. Si tout le monde se rangea avec facilité à cette proposition, il persistait néanmoins une certaine difficulté : la niche se trouvait à l'opposé de la maison de mes parents. Il nous fallait donc enjamber la barrière des voisins, traverser leur jardin, déposer la dépouille du chien et enfin revenir. Tout cela sans attirer l'attention. La tâche semblait d'autant plus ardue que les Curie se caractérisaient par une vigilance et une méfiance très au delà des normes communément admises.
Il fut décidé (à l'unanimité moins deux voix) que la mission serait effectuée par Sofia et moi. Les trois autres ayant pour tâche de surveiller d'éventuels mouvements dans la maison et nous prévenir le cas échéant. En réalité, il s'agissait surtout pour eux de profiter du spectacle ridicule de nos contorsions maladroites. Bien que victime de cette moquerie et malgré mes dénégations de l'époque, je ne peux aujourd'hui décemment nier le caractère croquignolesque de la scène.
Incontestablement plus leste alors qu'aujourd'hui, je passai au dessus du grillage sans difficulté particulière. Je m'appliquai tout particulièrement dans le but tout à fait explicite de jouer le fier-à-bras devant ma partenaire. Celle-ci virevoltait à la manière d'un chat et atterrit à son tour dans le jardin sans la moindre anicroche, malgré le corps de Satan qui occupait l'un de ses bras. La vingtaine de mètres qui nous séparait de la niche me parurent insurmontables. Nous marchions avec d'infinies précautions dans le noir le plus complet d'une nuit sans lune. L'arrivée à la demeure du chien fut pour moi un immense soulagement. Sofia quant à elle paraissait beaucoup s'amuser de la situation. Notre colis livré, il nous fallait revenir sur nos pas. Retenant notre souffle, nous avancions avec une prudence de tout instant. Je ne sus jamais avec certitude qui de ma comparse ou de moi marcha sur l'un des jouets en plastique du chien, mais cela déclencha un couinement tout à fait inopportun. Même dans la mort, cet horrible animal se jouait de nous ! La lumière de la terrasse des Curie s'alluma et nous nous lançâmes dans une course effrénée jusqu'à la demeure de mes parents dans un immense éclat de rire. Le temps que les voisins ouvrent leurs volets, nous nous trouvions déjà à l'abri.
J'attendis anxieusement jusqu'au petit matin le coup de sonnette inquisiteur, mais il ne vint jamais. Finalement, aidé de mes amis de toujours et de Sofia je rangeai et nettoyai la maison avant de finir de préparer mes valises. L'avion ne décollait qu'à vingt-et-une heure et nous eûmes le temps de partager un déjeuner avant de laisser mon nouveau béguin rentrer chez elle. Après avoir comme de bien entendu échangé nos coordonnées ! Une petite sieste plus tard, je chargeai mes bagages dans la voiture de Bacri (qui avait obtenu son permis quelques jours auparavant) lorsque j'aperçus monsieur Curie sortant de chez lui. Ma tentative de me cacher derrière le véhicule lui parut sans aucun doute pathétique. Elle l'était ! Il se dirigea vers moi d'un pas décidé. L'heure semblait venue de payer l'addition.
Son visage ne reflétait pas la colère, mais plutôt la tristesse. Comme si j'avais réussi à le décevoir alors même qu'il n'attendait rien de moi... Je sentis mon cœur se pincer. "Je souhaitais vous faire officiellement mes adieux, commença-t-il.
-Merci d'y avoir pensé monsieur Curie. Je croyais que vous n'auriez pas retenu la date de mon départ. Il semblait interloqué.
-Votre départ ? De quoi parlez-vous jeune homme ? C'est nous qui partons. Martine et moi déménageons. La maison sera bientôt en vente, mais nous allons dès ce soir vivre chez sa sœur. Nous ne pouvons pas rester une seconde de plus.
-Que se passe-t-il ? Je fis mine d'être étonné.
-Vous n'allez sans doute pas me croire. Mais cette demeure est hantée.
Je n'eus plus besoin de feindre la stupéfaction.
-Il y a deux jours, reprit-il, notre adorable petit Satan est mort. Il était malade du cœur et le vétérinaire n'a eu d'autre choix que ... de l'euthanasier.
-J'imagine comme cela a du être dur pour vous... Je n'entendais plus rien à ce qu'il était en train de me raconter.
-Oui terrible. Surtout pour ma Martine. Elle l'aimait comme un fils, vous savez. Mais ce n'est pas le pire ! Nous avons récupéré son petit corps et lui avons rendu un dernier hommage en l'enterrant au fond du jardin. Et... et... et...
-Et quoi ? J'avais du mal à travestir mon impatience.
-Et ce matin, nous l'avons retrouvé... Dans sa niche !
VI-épilogue
Voilà donc l'histoire de ma rencontre avec Sofia.
Quelques mois plus tard, les voisins vendaient leur maison et et ma complice canicide me rejoignait en France. Nous ne nous sommes plus quittés durant les soixante-dix années qui ont suivi. Je crois ne pas avoir passé plus de deux jours sans qu'elle ne soit à mes côtés.
Nous avons vécu une belle vie.
Une vie idéale.
Sofia est devenue vétérinaire (sans doute pour équilibrer son karma) et j'ai pour ma part connu la chance de voir plusieurs de mes livres publiés. J'ai même rencontré un certain succès (jamais avec de la poésie ! ). Je ne saurais dire si je suis un écrivain, mais j'ai pu vivre durant ces années de ma plume.
Elle a donné la vie à 2 garçons qui nous ont comblé. Et notre amour ne s'est jamais tari. Nous nous sommes aimés, admirés, engueulés, et toujours respectés. Nous n'avons jamais connu l'ennui ou la lassitude. Nous avons tenu nos engagements mutuels sans jamais faillir.
Sauf une fois.
Elle m'avait fait le serment de ne pas partir avant moi.
Mais Sofia est morte hier.
D'une maladie dont personne n'aime entendre prononcer le nom.
Florian et Bastien ne sont plus de ce monde, mais "Bacri" sera à mes côté jeudi. Pour m'aider à lui faire mes adieux.
J'ai fêté en automne dernier mes quatre-vingt-huit ans.
Le vieux Georges chantait en son temps qu'avec l'âge, les plaies du cœur guérissent mal.
Celle-ci ne se refermera jamais.